Récit de Valérie, notre conceptrice voyage Grand Nord, en reconnaissance au Yukon, dans le Grand Nord canadien.

Se retrouver seul en pleine nature, entre Whitehorse et l’Alaska à la tête d’une équipe de chiens de traineau, le rêve ! Cette merveilleuse expérience de 5 jours en chien de traineau au cœur du Yukon nous l’attendions avec impatience. La saveur toute particulière d’un projet de longue date qui se réalise dans un cadre idyllique.

Le Yukon est surtout connu pour sa nature à perte de vue. La beauté et la pureté des paysages donnent une sensation d’expérience irréelle. Vêtu de son manteau de neige en hiver, le côté immaculé est nettement plus prononcé. Comme une sensation où le temps s’arrête. L’expression « Yukon Time » prend tout son sens. Cela s’explique certainement par le fait de vivre dans un tel environnement sauvage où il est facile de perdre la notion du temps.

 

Quelques mois avant cette grande aventure, je m’étais mise au parfum en participant en tant que spectatrice au départ de la Yukon Quest : grande course mythique en chien de traineau qui s’étend sur plus de 1600km de Whitehorse à l’Alaska. Les Musher (conducteurs de traineau) sont de vrais pros ! 

Plusieurs semaines après, je découvre une passion débordante des chiens pour le traineau cette fois en tant qu’apprentie Musheuse. D’ailleurs pour la petite anecdote, figurez-vous que l’excitation des chiens sur la ligne de départ de la célèbre course que j’ai vue est en tout point similaire à celle que nous avons vécue à chaque départ pendant notre expédition. 

À partir du moment où l’on met les harnais à un chien, toute la meute a compris le message et le niveau sonore grimpe rapidement. Ils s’agitent, sautent sur place, aboient pour exprimer leur contentement de partir en traineau. C’est un peu la cacophonie. L’excitation est à son comble. C’est d’ailleurs au départ que les Musher novices tombent habituellement de leur traineau, car la traction des chiens et si forte que l’équilibre peut se perdre facilement. Cela peut surprendre, l’usage du frein est indispensable pour assurer un départ tout en douceur. La force des chiens est impressionnante ! Nous étions partis entre 5 et 6 chiens par traineau et nous avions déjà l’impression de décoller comme une fusée à l’horizontale. À la Yukon Quest, l’équipe se compose de 12 chiens. Maintenant, je comprends mieux l’intérêt d’avoir des doubles freins… Il faut pouvoir retenir tout ce beau monde !

Prêt à partir. Une fois le signal donné « Ready, hop, hop ! ». Le traineau s’envole et le calme s’installe, la magie commence. Seul le bruit du traineau sur la neige se fait entendre. La transition est radicale. Les paysages défilent et les premières sensations se font ressentir. L’équilibre est le maitre mot. Que cela ne tienne ! 

Ce sont les chiens qui tractent principalement, mais cela reste une activité physique. L’utilisation du poids du corps est indispensable pour maintenir le traineau stable dans les virages notamment. En montée, il faut accompagner les chiens en poussant le traineau, autrement les chiens peuvent s’arrêter et vous regarder. Une façon pour eux de vous dire que tout le monde s’y met ! Et en descente, c’est les deux pieds sur le frein et le poids du corps en arrière. Bref, vous l’aurez compris, c’est un vrai travail d’équipe.

De même, si l’on s’arrête pour faire une petite pause, les aboiements des chiens et leur excitation reviennent très rapidement. Leur impatience est surprenante ! Une fois repartis, le calme plat et le bruit de la neige qui s’écrase sous le traineau se réinstallent aussi vite. Quelle réactivité !

À ce sujet, nous avons trouvé la vitesse des chiens de traineaux assez rapide. Si mes souvenirs sont bons, nous avancions environ à 15 km/heure. Nous faisions entre 25 et 80 km par jour, soit environ 180 km en 5 jours. Sachant qu’à la journée, les chiens peuvent parcourir jusqu’à 100 / 120 km. 

Nous nous enfoncions chaque jour un peu plus dans la toundra yukonnaise dans un cadre de toute beauté. Nous traversions des lacs gelés à perte de vue, des forêts denses, des plateaux et de grands espaces ouverts. Le décor est tout aussi beau que varié ! 

 

Un autre point que nous avons apprécié est l’amour des chiens par nos guides. Cela parait évident, mais ce n’est pas toujours le cas malheureusement. La règle que nous avions reçue avant même de débuter l’expédition est que les chiens sont toujours prioritaires. Nous nous occupions toujours d’eux avant nous, humains. 

 

Au petit matin, les chiens sont nourris 2 heures avant le départ pour leur permettre une bonne digestion. La préparation des repas pour les chiens, c’est toute une affaire ! Ce sont les Handler, les assistants Musher, qui sont responsables de cette tâche. En les aidant, nous remarquons que certains chiens ont leur propre régime alimentaire ou parfois même tout un menu personnalisé ! Comme nous, humains, finalement.

Ensuite, chaque meneur était responsable de son équipe de chiens. Nous leur mettions leur harnais et les attachions au traineau. Puis inversement le soir, nous enlevions les harnais, attachions les chiens pour la nuit, nous leur disposions de la paille en guise de matelas douillet (la paille est un bon isolant pour le froid). Pour finir, nous leur préparions leurs croquettes en amuse-bouche suivi d’une soupe composée de viande de bœuf (attention, pas n’importe laquelle) et d’eau, enfin de neige fondue, réchauffée au feu de bois, mais pas trop. On frôle la gastronomie canine !

Évidemment, cela peut varier d’une personne à l’autre, mais la relation que vous construisez lors de ce genre d’expédition vous lie profondément aux animaux avec qui vous partagez cette aventure.

D’un côté, les chiens sont votre moyen de transport et à la fois votre moyen de survie d’une certaine façon. Dans ce contexte, seuls au milieu de nulle part, vous avez besoin d’eux et eux de vous. L’animal devient votre égal et une relation de confiance se construit. Nous avons tellement tissé de lien avec eux que la séparation en fin de séjour a été difficile. Je ne m’attendais pas à une telle fusion et un tel attachement. Je vous rassure, il s’agit d’une sensation positive, aujourd’hui transformée en souvenir mémorable. 

De notre côté, nous dormions dans une grande tente arctique équipée avec des lits pliables surélevés installés proche d’un petit poêle. Du grand luxe pour du camping en pleine nature. 

D’ailleurs, bien que cela puisse surprendre au début, les chiens sont plus confortables installés à l’extérieur, même par plus de -20°. Il ferait beaucoup trop chaud pour eux d’être sous la tente avec nous.

Nous changions de place pour camper presque chaque nuit. Le campement était facilement mobile, nous laissant une grande flexibilité bien que les Musher avec qui nous sommes partis avaient déjà préétabli des zones d’arrêts ou de recharge pour l’eau auprès de cours d’eau non gelée. Nous portions nos affaires personnelles dans nos traineaux. Les repas étaient concoctés sur le feu de bois. Tout était simple et efficace, nous ne manquions de rien. En termes d’équipement, tout été inclus, des vêtements hivernaux à la nourriture. Un vrai confort ! Aussi, je crois qu’il est rassurant d’avoir des équipements adaptés aux températures. Comme disent les Yukonnais.e.s, il n’y a pas de mauvais temps, mais de mauvais équipement! 

Le matin, alors que les chiens dorment encore, nous contemplons dès le réveil le soleil qui se lève sur les montagnes avec de belles couleurs pastels en toile de fond. La nature s’éveille dans le calme et en douceur. Le soir, le feu de bois crépite, les étoiles brillent, les chiens se reposent, les discussions autour du feu vont bon train. Nous écoutons les histoires incroyables du Yukon, une bière à la main et une banane chocolat flambée dans l’autre. De vrais moments de bonheur comme on les aime. 

Après plusieurs jours complètement déconnectés, il est temps de rentrer. Difficile de quitter ce cadre et cet univers magique. D’autant plus que le retour à la civilisation en fin d’expédition est quelque peu perturbant après plusieurs jours passés avec plus de chiens que d’humain ! C’est avec la tête, les yeux et le cœur chargés de souvenirs grandioses que nous repartons de cette fabuleuse expérience. 

 

L’alternative à l’expédition de plusieurs journées est évidemment une sortie à la journée ou demi-journée. Ce n’est pas la même saveur ni le même budget, mais cela vous donnera déjà un très bel aperçu. Se retrouver au milieu des montagnes, forêts et toundras du Yukon accompagné d’une équipe de chiens est l’un de mes meilleurs souvenirs au Canada. 

 

Finalement, je recommande vivement cette aventure à ceux et celles qui souhaitent découvrir le Yukon et sa nature immaculée aux commandes d’un véhicule presque oublié. Les amoureux des animaux, quant à eux, seront comblés. 

Ce mode de transport emblématique du Nord est une expérience incroyable à vivre lors de votre visite dans les territoires canadiens !

Si vous aussi êtes tentés par l’aventure en chien de traineaux nous vous conseillons de jeter un coup d’oeil à ce voyage dans le Yukon.